« La corruption est symbolique de notre régime monarchique »

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Alors que le premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, est dans la tourmente après la démission d’un de ses proches collaborateurs impliqué dans une affaire de corruption touchant à l’attribution de contrats publics, le député communiste Francisco Sierra Caballero, membre d’Izquierda Unida, voit dans le retour au républicanisme la seule manière de défaire un système qui favorise l’oligarchie économique.

Ce n’est pas la première fois que le chef du gouvernement est éclaboussé – indirectement – par des affaires de corruption. Quel pourrait être l’impact de celle-ci ?

Tant le PSOE (socialiste) que le Parti populaire (PP, droite) ont toujours joué en faveur des intérêts des oligarchies de ce pays, qui sont – tout comme notre système de bipartisme – un héritage du franquisme. La plupart des grands groupes espagnols ont été créés pendant la dictature. Après quarante ans de démocratie restaurée, ces agents économiques continuent d’opérer avec force et avec les mêmes conséquences : empêcher les majorités sociales d’obtenir des droits. C’est de là que naissent les cas de corruption, qui sont effectivement fréquents dans le secteur des travaux publics.

Avant le PSOE, le PP a dû faire face à de nombreux scandales.

Il n’est pas étonnant de voir de telles affaires éclabousser ces deux partis, étant donné leur union avec le système actuel. Mais s’il est vrai que le PSOE a une âme néolibérale, une nuance s’impose : ses niveaux de corruption économique ne peuvent être assimilés à ceux du PP. On estime que les affaires concernant le PP ont coûté plus de 60 milliards d’euros aux finances publiques. Dans le cas du PSOE, il ne s’agit « que »
d’un cinquième de ce montant.

Comment réagit Izquierda Unida ?

Ces chiffres n’excusent en aucun cas le PSOE, et notre position est très sévère sur ce que devrait être une gestion publique éthique, exemplaire, républicaine, devant les citoyens. Nous exigeons que la lutte contre la corruption devienne une action législative, avec des mesures radicales pour exterminer ce fléau qui impacte la démocratie et favorise la montée de l’extrême droite. Mais ces cas sont une constante de notre régime
monarchique, d’où notre volonté de rompre avec ce cadre et de passer à un régime républicain.

La corruption est-elle favorisée par le système lui-même ?

La monarchie est le symbole de ce fléau. D’où notre volonté de changer la forme de l’État. Nous avons besoin d’une révolution citoyenne de rupture, d’une seconde transition dans laquelle nous laisserions derrière nous la monarchie et son alliée, l’oligarchie économique, afin de réaliser ce qui fait toujours défaut à notre pays : un changement politique systémique, qui favorise les droits de la majorité de la population. Un système qui cesse de faciliter ces cas de corruption, qui affectent autant la crédibilité de l’État – la confiance du public dans la politique – que les budgets, et qui se répercutent sur la qualité des services publics et le développement du pays. En fin de compte, ce sont toujours les classes populaires et laborieuses qui en subissent le plus l’impact.